LA GIRAFE

La girafe est le plus grand mammifère terrestre. Il existe huit sous-espèces de girafe réparties dans les savanes d'Afrique subsaharienne du Niger à l'Afrique du Sud en contournant le Bassin du Congo. 
La girafe d'Afrique de l'Ouest (Giraffa camelopardalis peralta) est la plus rare et l'unique sous-espèce encore présente en Afrique de l'Ouest uniquement au Niger. Elle se distingue par sa robe très pâle. Un peu plus à l'Est on trouve la girafe du Kordofan (Giraffa camelopardalis antiquorum) présente au Tchad, en République Centrafricaine et au Nord de la République Démocratique du Congo. Sa robe est également claire mais autant que la girafe d'Afrique de l'Ouest avec des taches marrons clairs aux motifs irréguliers qui parsèment le corps jusqu'aux genoux. La girafe de Rothschild ou girafe nubienne (Giraffa camelopardalis rothschildi) est également une des sous-espèces les plus menacées dont l'aire de répartition recouvre l'est du Sud Soudan, l'Ouganda et le Nord-Ouest du Kenya. Sa robe est crème parsemée de tâches sombres plus ou moins rectangulaires disposées de manière irrégulière du cou jusqu'aux genoux. La girafe réticulée (Giraffa camelopardalis reticulata) est probablement la sous-espèce la plus aisée à reconnaître en raison des grandes taches rousses qui parsèment son pelage séparées entre elles par quelques lignes blances. Elle est souvent considérée comme l'une des plus belles sous-espèces. On la trouve au sud de la Somalie et de l'Ethiopie jusqu'au centre du Kenya. Plus au sud, répartie entre le sud du Kenya et la Tanzanie se trouve la girafe masai (Giraffa camelopardalis tippelskirchi) dont le pelage sombre est constellé de tâches sombres aux formes irrégulières du cou jusqu'aux sabots. Très proche en apparence est la girafe Thornicroft (Giraffa camelopardalis thornicrofti) endémique à la vallée de la Luangwa en Zambie qui possède un pelage beaucoup plus clair constellé de petites taches marrons aux formes irrégulières qui descendent jusqu'aux sabots. En Afrique australe enfin, on trouve deux sous-espèces dont la girafe d'Angola (Girafa camelopardalis angolensis) présente surtout en Namibie au pelage clair parsemé de tâches sombres irrégulières qui descendent jusqu'aux sabots. Enfin, plus largement répandue dans toute l'Afrique australe de l'Afrique du Sud au Botswana et Zimbabwe se trouve la girafe du Cap ou sud africaine (Giraffa camelopardalis giraffa) aux taches en forme d'étoiles qui descendent jusqu'aux sabots. Toutes ces sous-espèces ont plus ou moins les mêmes moeurs et ne se dinstinguent que par les motifs de leur robe.

Girafe masai (Masai Mara, Kenya)                                                                     Girafes réticulées (Samburu, Kenya)                                                                  Girafe du Cap (Moremi, Botswana)

MENSURATIONS

Longueur : 350-480 cm

Hauteur jusqu'à la tête : F= 300-450 cm ; M= 400-550 cm

Poids : F= 450- 1200 kg ; M= 1800-1930 kg

ECOLOGIE

Habitat : Les girafes sont inféodées aux savanes parsemées d'acacia et savanes arborées en général mais sont en réalité très adaptables. On peut les trouver aussi bien dans le miombo et zones boisées ouvertes que dans les semi-déserts comme le Kalahari ou des endroits aussi arides qu'Etosha et même le désert du Namib où elles se nourrissent de la végétation qui pousse le long des rares cours d'eau éphémères. Elles semblent avoir une préférence pour les savanes sèches et autres milieux arides plutôt que les savanes mésiques grâce à de nombreuses adaptations physiologiques comme la présence d'un système de refrodissement des vaisseaux sanguins au niveau du museau lui permettant de supporter des températures extrêmes et de limiter les pertes en eau. Il semble que les tâches sur leur pelage joue un rôle en matière de thermo-régulation. Elles évitent les forêts denses occupées par leur cousin l'okapi et les véritables déserts comme le Sahara. 

Nourriture : La girafe est essentiellement phyllophage. Elle se nourrit du feuillage des arbres, arbustes et buissons de manière sélective en particulier grâce à ses lèvres et langue préhensibles. En effet, elle se nourrit plus particulièrement de feuilles et plantes qui n'ont pas achevé leur cycle de croissance qet qui sont encore tendre, de bourgeons et de pousses. Elle se nourrit également de brindilles et plus particulièrement de brindilles d'acacia qui figurent de manière récurrente dans son régime alimentaire. Certaines espèces d'acacia ont des mécanismes de défense pour empêcher les girafes de brouter trop longtemps sur un même arbre sous la forme de fourmis carnivores (Crematogaster) qui se répandent sur la tête de la girafe l'incitant à brouter ailleurs. Certaines espèces d'acacia sont d'ailleurs ignorées délibérement par les girafes en raison de leur toxicité. Pendant la saison sèche, elles peuvent se nourrir de feuilles sempervirentes et de vignes (Leuthold & Leuthold). Les girafes peuvent avoir un impact destructeur pour les espèces d'arbres qui ne disposent pas de dispositifs de défense et elles peuvent laisser la cime de certains arbres complètement dépourvues de feuilles. La taille de la girafe lui permet de brouter des feuilles situées à plus de 5m du sol ce qui lui donne un avantage sur les autres herbivores phyllophages. Seul l'éléphant peut atteindre des hauteurs similaires. La girafe, tout comme, les hippotragues noirs et les antilopes rouannes, lèche souvent les os des carcasses pour satisfaire leurs besoins en calcium. Elles restent dépendantes de l'eau et s'abreuvent dès qu'elles le peuvent même si elles peuvent rester sans eau pendant plusieurs jours. 

Structure sociale et comportement social : La structure sociale des girafes est très souple et qualifiée de "fission-scission" par la zoologue Ann Dagg". Grégaire, les girafes cherchent la compagnie de leurs congénères quelque soit le sexe ou l'âge sans pour autant créer de liens durables. Les groupes qui se forment sont toujours temporaires (parfois pas plus de quelques heures) et les girafes se joignent ou quittent le groupe sans autre formalité. Il n'existe pas de leadership au sein d'une harde de girafes. S'il existe une ségrégation entre les sexes, il semblerait qu'il s'agisse plus d'une préférence des mâles pour les environnements plus denses et boisés. Ces derniers se regroupent parfois au sein de hardes de célibataires surtout lorsqu'ils sont jeunes, ils ont tendance à devenir solitaires plus ils avancent en âge. Il existe une hiérarchie entre les girafes mâles qui semble basée sur l'âge, la corpulence et la taille du cou et qui est déterminée par des joutes lorsque ces derniers se retrouvent au sein des hardes de mâles célibataires. Lorsqu'un mâle remet en cause la hiérarchie où lorsque deux mâles entrent en compétition pour une femelle, un combat peut s'engager. Les deux adversaires se tiennent parallèle l'un à l'autre, jambes légèrement écartées et utilisent leur tête comme un massue pour frapper les flancs de l'adversaire après avoir formé un arc de cercle avec leur cou pour prendre de l'élan. Les combats sont d'intensité variables, parfois de simples coups de tête réciproques suffisent à désigner un vainqueur. Les combattants font fréquemment de pauses entre une série de coups en scrutant l'horizon permettant ainsi à un combattant de se désengager. Lorsque les combats atteignent une intensité plus élevée, les coups de tête peuvent étourdir l'adversaire voir le tuer. Il existe une vidéo où une girafe mâle en tue une autre d'un violent coup de tête bien placé. La hiérarchie établie lorsque les mâles fréquentent les hardes de célibataires permettent d'éviter ces combats. En général, les mâles immatures évitent les mâles dominants. Les combats se déroulent surtout lorsqu'un jeune mâle cherche à en évincer un autre dans la hiérarchie ou lorsque deux mâles de force équivalente entrent en compétition pour recevoir les faveurs d'une femelle. La dominance est exprimée par diverses postures comme la posture droite, tête haute menton pointé vers l'avant avec le cou à la verticale. En réponse, un mâle au statut inférieur répondra en baissant la tête et les oreilles avec le menton rentré. 

Les girafes ne sont pas territoriales mais évoluent au sein d'un domaine vital dont la taille varie en fonction des ressources disponibles. Il n'y a pas de différence de superficie significative entre les domaines vitaux des males et des femelles qui se chevauchent. Dans les milieux arides comme dans le Tsavo au Kenya, ces domaines vitaux peuvent atteindre la superficie de 160 km2 voir jusqu'à plus de 1500 km2 au Niger et en Namibie où les ressources alimentaires sont plus dispersées.

Les girafes sont plutôt diurnes et se nourrissent au premières lueurs de l'aube et en fin d'après-midi jusqu'au crépuscule. Les femelles passent 72, 4% de leur temps à se nourrir contre 43,2% pour les mâles (Estes).  Le reste du temps est consacré au repos et à la rumination surtout pendant les heures les plus chaudes de la journée et la nuit. Les girafes s'allongent la nuit pour ruminer.

Reproduction : Les girafes se reproduisent tout au long de l'année avec un toutefois un pic de naissance récurrent au moment de la saison des pluies. Le comportement reproducteur est très proche sinon similaire à celui des bovinés. Le mâle lorsqu'il repère une femelle en période d'oestrus la suit et lui lèche ou lui saisit la queue. Il peut également poser sa tête sur sa croupe et teste son urine en effectuant le flehmen (retroussement des lèvres pour permettre aux phéromones contenues dans l'urine de la femelle d'atteindre l'organe de Jacobson). Il exécute ensuite le laufschlag (coup de la patte antérieure entre les jambes postérieures de la femelle) en prélude à l'accouplement où le mâle se met sur ses pattes arrières tout en faisant reposer légèrement ses pattes antérieures de chaque côté des flancs de la femelle.

La femelle s'isole pour mettre bas. La femelle reste debout pour mettre bas occasionnant une chute de 2m pour le girafon.  Ce dernier pèse une centaine de kilos à la naissance. Le petit reste caché dans la végétation quelques semaines avant de rejoindre des crèches où il forme des liens avec les autres petits qui sont assez joueurs. Pendant les premières semaines de son existence le petit est étroitement surveillé par sa mère qui n'hésitera pas à faire face aux prédateurs fussent-ils des lions. Le petit reste étroitement associé à sa mère pendant 14 à 22 mois (Pratt & Anderson ; Estes). Les crèches sont également sous la surveillance d'au moins une girafe adulte. 

Prédateurs : Les lions sont les principaux prédateurs des adultes et beaucoup plus rarement les crocodiles du Nil de grande taille. Les girafes sont des proies difficiles et leurs pattes très puissantes peuvent briser le crâne d'un lion. Il y a déjà eu des cas où de lions tués par des girafes adultes. Les léopards, les hyènes tachetées, les lycaons et exceptionnellement les guépards peuvent s’en prendre aux girafons.

Meilleurs endroits pour l’observer :

- Girafe Masai: dans la plupart des parcs et réserves du sud Kenya et de la Tanzanie à l’exception du Ngorongoro
- Girafe réticulée: Samburu et Laikipia (Kenya)
- Girafe de Rothschild: Nakuru (Kenya)

Les girafes sont faciles à voir même en dehors des réserves, on les croise souvent aux abords des routes.