LE COLOBE GUEREZA

Le colobe guereza est un primate arboricole aisément reconnaissable à son pelage épais noir et blanc. Il existe neuf sous-espèces réparties dans les zones forestières d'Afrique centrale et orientale du Nigeria, Gabon et Cameroun à l'Ouest jusqu'à l'ouest de l'Éthiopie, Kenya et Tanzanie en passant par la République Centrafricaine, le Soudan du Sud et l'Ouganda. Malgré une aire de répartition relativement étendue, c'est une espèce qui n'est pas facile à observer en raison de ses mœurs arboricoles et de la diminution du couvert forestier dans lequel il vit.


Colobes guereza (Forêt de Harena, Massif du Bale, Ethiopie

MENSURATIONS

Longueur : F= 49,5-67,3 cm ; M= 53-75 cm

Longueur de la queue : F= 52-90 cm

Poids : F= 5,5-10,2 kg ; M=8=13,5 kg en moyenne (exceptionnellement jusqu'à 23 kg)

ECOLOGIE

Habitat : Tous les écosystèmes de forêts de la forêt primaire humide sempervirente aux forêts-galleries en passant par les forêts humides de montagne et forêts adjacentes aux cours d'eau.

Nourriture : Le colobe guereza est principalement folivore se nourrissant de différentes variétés de feuillage mais également de fruits pas encore murs dont ils extraient la pulpe contrairement à la plupart des autres primates ce qui limite la compétition pour les ressources alimentaires. Bien qu'ils préfèrent habituellement se nourrir de jeunes feuilles à haute teneur protéinée et peu fibreuses, les colobes guereza sont néanmoins capables de digérer des feuilles matures malgré leur haute teneur en alcaloïdes.

Comportement social : Les colobes guereza vivent en troupe comptant une dizaine d'individus en moyenne composées de plusieurs femelles et de leurs progénitures accompagnées d'un jusqu'à cinq mâles adultes dont un mâle dominant. Il existe également une femelle dominante qui décide des mouvements de la troupe qui est souvent la plus âgée. Il existe également des troupes composées uniquement de mâles, souvent jeunes ; qui viennent de quitter leur troupe natale. Ces groupes de mâle errent en général en périphérie des troupes familiales à l'affut de la moindre faiblesse du mâle territorial en vue de le supplanter ce qui peut occasionner également des infanticides. Souvent la présence de jeunes mâles à la périphérie d'une troupe familiale est le signe qu'une prise de pouvoir par des mâles étrangers est imminente.

 

Les troupes vivent sur des domaines vitaux de superficie modeste en raison du mode de vie sédentaire des guérézas et de la cohésion qui existe au sein des troupes matérialisée par une faible distanciation sociale entre les membres d'une troupe. Pour autant, le mâle dominant d'une troupe accompagné par ses acolytes adopte souvent un comportement territorial. Les mâles dominants et territoriaux émettent souvent un cri extrêmement puissant pour indiquer non seulement leur présence et l'existence du territoire qu'ils occupent afin de maintenir une distance avec les autres troupes. Ils utilisent également des signaux visuels en en s'asseyant sur les branches les plus hautes des arbres en laissant pendre ses jambes et en exposant ses organes génitaux. Des sauts initiés à partir de branches hautes vers des branches plus basses générant un fracas est un autre signal sonore utilisé pour indiquer la présence de la troupe sur un territoire donné. Chaque troupe défend son domaine vital et les ressources alimentaires qu'il contient et les confrontations entre troupes sont généralement violentes.

Les colobes guereza ont un mode de vie sédentaire et diurne en raison de leur régime alimentaire folivore. Ils passent la moitié du temps à se reposer et prennent des bains de soleil lorsque le jour se lève. Ils peuvent également passer plusieurs heures sans bouger dans une quasi-léthargie. Un tiers du temps est consacré à se nourrir souvent dans le même arbre où ils ont pris leur bain de soleil. Les guerezas s'en éloignent peu dans la mesure où un même arbre ou groupe d'arbres est susceptible de leur fournir toute la nourriture dont ils ont besoin. Un temps certain est également consacré à l'épouillage et au jeu ce qui renforce la cohésion sociale de la troupe. Les femelles et les jeunes sont plus impliqués dans l'épouillage que le mâle dominant. Ils regagnent leur arbre dortoir avant que la nuit tombe.

Comportement reproducteur : Il n'y a pas de saison de reproduction chez les guerezas. Il n'existe aucun signe apparent de réceptivité chez les femelles. La copulation peut être sollicitée autant par les mâles que les femelles en approchant le partenaire désiré en effectuant des claquements avec la bouche et/ou la langue. La femelle présente parfois son arrière-train au mâle en s'accroupissant afin d'initier l'accouplement.  La gestation est de 158 jours et la femelle donne naissance à un petit. Ce dernier s'accroche au ventre de sa mère pendant les premières semaines qui suivent la parturition. Ce dernier est également l'objet d'une attention particulière par les autres membres de la troupe qui n'hésiteront pas à le saisir et le manipuler, en particulier par les femelles de la troupe. Lorsque le petit finit par émettre des cris de détresse suite à ces manipulations, la mère le récupère. Elle s'oppose parfois à ce que des membres de la troupe s'en saisissent.

Prédateurs : Les grands rapaces et plus particulièrement l'aigle couronné semble être le principal prédateur bien que les adultes et plus particulièrement les mâles soient capables de les repousser. Le mâle alpha d'une troupe n'hésitera pas à affronter un aigle si besoin. En cas d'attaque la troupe peut également s'enfuir en effectuant des sauts vers branches plus basses en disparaissant sous les frondaisons. Le léopard se nourrit également de colobes guereza à l'occasion. Les pythons de Seba et les chats dorés sont également des prédateurs potentiels. Le mode de vie arboricole des colobes guereza les met à l'abri des autres grands prédateurs habituels de la savanes africaine.

Meilleurs endroits où les observer : Difficile à dire. Bien que présents dans les forêts galleries du corridor ouest du Serengeti en Tanzanie, ils demeurent difficiles à apercevoir. La forêt de Harena dans le Massif du Bale en Ethiopie est le seul endroit où j'ai pu les apercevoir.